Jose Manuel Barroso (wikipedia)
L'ensemble de la classe politique française et en premier lieu, le président François Hollande se sont déclarés choqués ou incrédules quant aux propos tenus en début de semaine par José Manuel Barroso, sur l'exception culturelle française.
Il est aisé de retracer via internet, le cursus et le parcours politique de l'actuel président de la Commission européenne. Le dévouement plus que prononcé de monsieur Barroso envers les USA et le groupe Carlyle saute aux yeux du premier lecteur venu.
Il semblerait que nos représentants politiques soient amnésiques ou très mal informés. A la mi-juin 2013, ils semblent découvrir enfin la personnalité du président au long cours de la Commission européenne ...
Nous revenons donc sur les propos des principaux protagonistes puis nous tracerons un portrait de José Manuel Barroso en synthétisant les écrits de Jacques Guérin, Pascal-Jean Gimenez, ainsi que les éléments donnés sur le Wikipedia.
Exception culturelle : les propos de
Barroso provoquent un tollé
Le président de la Commission européenne, José Manuel
Barroso, a violemment critiqué lundi 17 juin la volonté de la France d'exclure
le secteur audiovisuel du mandat de négociations commerciales avec les
Etats-Unis. "Cela fait partie de ce programme antimondialisation que je
considère comme totalement réactionnaire", déclare M. Barroso dans un entretien
publié par l'International Herald Tribune.
Le président de la Commission européenne indique qu'il
est favorable à la protection de la diversité culturelle mais sans mettre un
cordon autour de l'Europe. "Certains [de ceux qui défendent l'exception
culturelle] disent être de gauche mais ils sont en fait extrêmement
réactionnaires", insiste-t-il.
Hollande ne "veut pas [y] croire"
Interrogé sur ces propos, François Hollande a affirmé
qu'il ne voulait "pas croire" que José Manuel Barroso ait pu qualifier la France
de "réactionnaire" en raison de sa défense de l'exception
culturelle.
"Je ne veux pas croire que le président de la Commission
européenne ait pu tenir des propos sur la France qui seraient ainsi formulés,
pas même sur les artistes qui se seraient exprimés", a-t-il déclaré devant la
presse à son arrivée à Lough Erne (Irlande du Nord) pour un sommet du
G8.
(…)
Nicole Bricq : "la négociation sera longue et
difficile"
La ministre du commerce extérieur a, elle, appelé à
l'union face aux Etats-Unis dont les négociateurs "sont redoutables". "Nous
savons que la négociation sera longue et difficile et je doute qu'on conclue
cette affaire en deux ans", a-t-elle dit à la presse.
"Nous savons que nous avons beaucoup de sujets à régler
mais en tous cas nous n'avons pas a discuter de l'exception culturelle, elle est
sortie du mandat", a-t-elle ajouté. Toutefois, si ce sujet devait être débattu
de nouveau, "ce serait la même règle, c'est-à-dire l'unanimité, et la France
dirait encore une fois non."
Source :
Mais qui est donc Barroso ? –
« Barroso ou le maoïsme qui mène à tout ».
Né le 23 mars 1956 à Lisbonne, José Manuel Durão
Barroso, flamboyant soutien du président George W. Bush lors de la dernière
guerre en Irak, a en effet entamé sa carrière politique au moment où la
révolution des œillets mettait fin à la brutale dictature qui sévissait au
Portugal depuis près de cinquante ans. Le jeune Manuel Barroso choisit alors de
militer dans un groupe maoïste, le Mouvement pour la Réorganisation du Parti du
Prolétariat (MRPP), dont il devient vite le leader. Pourquoi un tel choix ? « Il
y avait deux partis d'extrême gauche, explique-t-il, j'ai choisi les pro-Chinois
parce qu'ils luttaient contre les communistes. »
Orateur charismatique, organisateur de talent, Manuel
Barroso tient des discours enflammés sur les bancs de la fac, lance des nouveaux
cours sur l'histoire du marxisme-léninisme, et entreprend même de déménager le
mobilier de la faculté pour meubler le siège du MRPP, à la grande surprise de
ses camarades qui lui feront rendre ses « prises de guerre ». Pendant les deux
ans qui suivent la révolution des œillets, le Portugal vit une période
d'affrontements, liés à la puissance du Parti communiste portugais dont certains
craignent la prise de pouvoir et l'instauration d'un régime pro-soviétique. Au
nombre de ceux qui s'inquiètent d'une telle issue figurent notamment les
Etats-Unis, soucieux de ne pas voir un de leurs alliés traditionnels basculer
dans le camp de l'ennemi(*).
(*) Il est à préciser que les Açores étaient un point
stratégique pour l’armée Américaine. Quelques mois plus tôt, en octobre 1973,
lors de la guerre du Kippour, le Portugal donna son feu vert aux Etats-Unis pour
l’utilisation de l’aérodrome de Lajes aux Açores. Il se créa ainsi un pont
aérien entre la côte est des USA, les Açores à 6 heures de vol puis Tel-Aviv à 7
heures de vol, afin d’armer Israël pendant que le camp adverse, egypto-syrien,
était soutenu par l’URSS. Près de 1 300 militaires Américains furent ainsi
déployés aux Açores, au plus fort des opérations.
A Lisbonne un nouvel ambassadeur, et pas n'importe
lequel. Frank Carlucci n'est pas
un diplomate ordinaire. Agent de la CIA , c'est un spécialiste de la lutte
anti-communiste. Sa mission est, bien entendu, de ramener le Portugal dans le
droit chemin, c'est-à-dire celui des Etats-Unis.
Le 25 novembre 1975, une coalition hétéroclite allant
des socialistes à l'extrême droite chasse les militaires de gauche du pouvoir,
et le MRPP de Barroso lui apporte son soutien. Comment le président de la
Commission européenne explique-t-il aujourd'hui son brutal passage du
radicalisme maoïste au centre-droit ? « C'était comme si je me réveillais, d'un
rêve ou d'un cauchemar. Je revenais dans mon cercle naturel, celui de la petite
bourgeoisie, favorable aux réformes, pas à la révolution. » « Il était surtout
anticommuniste, remarque aujourd'hui l'un de ses anciens compagnons du MRPP. Il
ne venait pas de la résistance. » D'autres pensent que Franck Carlucci n'est
peut-être pas totalement étranger à la soudaine « conversion » de Barroso, qui
adhère bientôt au PSD (Parti social démocrate). Otelo de Carvalho, l'illustre
dirigeant révolutionnaire, est totalement convaincu que « l'ambassadeur » a
manipulé le MRPP.
Parti étudier la géopolitique en Suisse, à Genève
(bourse d'études de la Volkswagenwerk ), Manuel Barroso va s'y faire de nombreux
amis, surtout Américains. Il fut assistant du professeur Dusan Sidjanski à
l'Institut universitaire d'études européennes.
En 1985, le PSD gagne les élections. Sa carrière
politique va alors connaître une ascension fulgurante. Quand Anibal Cavaco Silva
devient Premier Ministre du Portugal en 1985, il nomme tout d'abord José Manuel
Barroso Secrétaire d'Etat aux Affaires Intérieures à 29 ans, ensuite Secrétaire
d'Etat aux Affaires Etrangères et à la Coopération , puis Ministre des Affaires
Etrangères dans le XIe et XIIe gouvernements constitutionnels du Portugal, à
l'âge de 36 ans (1991-1995).
En tant que Ministre des Affaires Etrangères, il
s'attache à faire connaître la cause du Timor oriental. Il participe à une
mission internationale dans son processus d’autodétermination.
Il réussit également à mettre fin au conflit angolais en
organisant une médiation entre les marxistes au pouvoir et les guérilleros de
l'Unita soutenus par les Américains. Lorsque son parti perd les élections en
1995, Barroso part étudier aux
Etats-Unis. Il se retrouve sur les bancs de la Georgetown University
à Washington DC qui est l'équivalent de l'ENA Américaine, d'où sont issus
beaucoup de cadres de la CIA. (bourse d’études de l’OTAN)
À l'occasion du 21ème congrès du PSD, organisé à la fin
du mois d'avril 1999 à Coimbra, il est élu président du parti, devenant ainsi
chef de l'opposition au gouvernement du socialiste António
Guterres.
Les élections législatives de mars 2002 ramènent au
pouvoir le PSD. Nommé à son tour Premier Ministre, son principal souci est de
sortir le Portugal du marasme économique dans lequel il se trouve en mars 2002
avec des « feux orange » sur les principaux indicateurs économiques : inflation
à 1,5 % (2001), prévisions de croissance de 1,8 % à 2,8 % pour 2002 et déficit
budgétaire de 2,2 %. Il imprime au
gouvernement la rigueur budgétaire ainsi qu’un vigoureux tournant
atlantiste.
José Manuel Barroso signe la lettre de soutien des
"huit" à l'intervention Américaine en Irak, qui débouche aux Açores sur un
Sommet réunissant José Manuel Barroso, Tony Blair, George Bush Junior et José
Maria Aznar quelques jours avant l'offensive guerrière menée en
Irak.
Il s'engagera sans réserve auprès de George Bush pour la
campagne irakienne. Il tentera aussi, et l'on ne peut s'empêcher d'y voir une
manière de régler quelques dettes, d'organiser la privatisation de la société nationale de pétrole
portugaise au profit d'un fonds d'investissement Américain : Carlyle.
Coïncidence, ce fonds a été créé par Frank Carlucci et
l'on trouve, parmi les actionnaires, l'ex-président Bush et quelques anciens de
la CIA dont, entre-temps, Carlucci a été le directeur adjoint.
« Le réseau Carlyle n'occupe rien de moins que le centre
de cette puissance de la politique, du pétrole et de l'armement. A la fois
système d'influence et machine de spéculation financière, le fond
d'investissement Carlyle a installé le complexe militaro-industriel à la tête
des Etats-Unis depuis l'accession de George Bush junior à la Maison Blanche.
Ainsi, au-delà des discours officiels et des campagnes de communication, cet
établissement financier très particulier développé par Frank Carlucci,
ex-fonctionnaire de la CIA et ex-Secrétaire à la Défense néo-conservateur,
incarne pour une large part le nerf de la politique étrangère des républicains »
(source : François Missen, Le réseau Carlyle, Flammarion,
2004).
Barroso balaie d'un revers de main les accusations
proférées à propos de cette opération. «Elles ont été lancées par des gens sans
crédibilité, notamment un député post-trotskyste. » La remarque est amusante
venant d'un président « post-maoïste », mais ces critiques, pourtant non
crédibles, l'empêcheront de mener à bien cette étrange opération.
Il annule également la participation du Portugal au
programme de construction de l'avion militaire européen, Airbus A400M. Un
retrait suivi par l'Italie qui coutera à
l'avionneur européen près de 2 milliards d'euros.
Barroso devient président de la Commission européenne, le
29 juin 2004. Il est choisi à
l'unanimité par les exécutifs des 25 membres de l'Union
européenne, lors d'un Conseil européen extraordinaire.
Il n'a pas varié sur ses convictions atlantistes.
«Le monde serait bien mieux si l'Europe et
les Etats-Unis travaillaient ensemble. »
Attaché au libéralisme économique, il est très critiqué
par une partie de la presse européenne de gauche.
En 2004, il publie un article intitulé « Victory to the Anglo-American Freedom
Alliance » où il qualifie les guerres menées par les États-Unis
après la guerre froide, comme étant « le meilleur exemple de la façon dont les
guerres doivent être menées dans une civilisation moderne » ; il prédit qu'« un
Irak libre, démocratique et paisible va naître ».
Pendant l'élection présidentielle Américaine de 2004, il
félicita le président sortant, George Bush, de son effort de guerre en Irak et
reprocha au candidat démocrate John Kerry de
ne pas soutenir suffisamment les guerres Américaines. Il déclara que
« quelle que soit la gravité des risques encourus en abattant Saddam Hussein,
l'inaction entraînerait des risques encore plus grands, comme le prouvent la
seconde Guerre mondiale et le 11 septembre ! ». À ses yeux, « la guerre contre
Saddam Hussein est juste, la décision du président Bush est la bonne
»
En 2009, Barroso est réélu à la présidence de la
Commission européenne.
En octobre 2010, concernant l'attribution du prix Nobel
de la paix au Chinois Liu Xiaobo, il déclare : « C'est un fort message de
soutien à ceux qui, en faisant de grands sacrifices personnels, luttent pour la
liberté et les droits de l'homme ».
Liu Xiaobo, qui, en 1996, dans un article intitulé «
Leçons de la Guerre froide », avait affirmé que « le monde libre, sous la
direction des États-Unis, a lutté contre tous les régimes qui foulent aux pieds
les droits de l'homme. Les guerres importantes menées par le gouvernement
Américain sont défendables sur le plan éthique » (Xiaobo, Nobel de la Paix
???).
Barroso est titulaire de plus de vingt décorations,
dont :
- en
1993, il est élu "Global leader for tomorrow" par le Forum Economique Mondial de
Davos
- Titre
de docteur honoris causa de l’Université Roger Williams, Rhode Island,
États-Unis, en 2005
- Titre
de docteur honoris causa en humanités de l’université de Georgetown, Washington
DC, États-Unis, en 2006
- Prix du
leadership transatlantique 2007 de l’Institut européen de Washington, avril
2007
-
«Transatlantic Business Award» de la Chambre
de commerce américaine auprès de l’Union européenne, Bruxelles, mai 2008
-
Doctorat honoraire en affaires publiques et
internationales, université de Pittsburgh, États-Unis, septembre 2009
- Docteur
honoris causa de l'université d'Haïfa, juillet 2012.
Frank Carlucci peut être fier.
Sources :
Jacques Guérin (http://fr.soc.politique.narkive.com/F06fbea7/frank-carlucci-cia-carlyle-group-le-parrain-de-jose-manuel-barroso)
Pascal-Jean Gimenez (http://pascaljeangimenez.hautetfort.com/archive/2008/06/01/jose-manuel-barroso.html)
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